Javascript Menu by Deluxe-Menu.com 2009 : année Ba Jin à Château-Thierry, où il écrit son premier roman Destruction
portrait de Jean de La Fontaine le corbeau de la fable jardin de la maison natale actuellement le perron de l'entrée de la maison

Pa Kin - Ba Jin

ancienne poste à Château-Thierry
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Ba Jin est à Paris depuis le 19 février 1927, et c’est là, le 23 août,  qu’il apprend par les éditions spéciales des journaux, que le « maître » (Vanzetti) dont il parle dans la préface de « Destruction »,  a été  passé sur la chaise électrique à Boston

Le texte suivant, daté du 20 mai 1936, est extrait de Regards sur ma vie d’écrivain, situé à la fin du roman de Ba Jin : Destruction, traduit du chinois, introduction et notes par Angel Pino et Isabelle Rabut, éditions Bleu de Chine.

[…] L'été suivant (1928), je le passai dans une petite ville du bord de la Marne. J'y menai une vie relativement confortable. À part moi, il y avait dans cette ville deux jeunes Chinois avec qui j'entretenais des relations amicales. Nous logions dans un lycée. L'endroit était calme et paisible. Chaque jour, le matin et après le déjeuner, je franchissais seul le petit pont qui me séparait de la forêt, de l'autre côté de la rivière. Le soir, nous longions tous les trois la forêt et nous poussions plus loin, en discutant avec animation de choses et d'autres. Car en ce lieu la conversation roulait librement. […]

(Ba jin explique alors, après avoir reçu une lettre de son frère : Mes souffrances étaient immenses mais son esprit entravé par les idées traditionnelles était incapable de me comprendre [...].
Désormais, mon travail ne s'interrompit plus. Chaque matin, je me promenais seul dans la forêt, absorbé dans mes réflexions. La terre était molle. En bordure de la forêt, il y avait un champ de blé dont le doux parfum emplissait les airs. Tandis que des reptiles fuyaient sous mes pieds et que les oiseaux chantaient autour de moi, les scènes du roman surgissaient dans ma tête, les personnages se mouvaient sous mes yeux. Souvent, il me venait à l'esprit des détails de l'intrigue que le soir venu, au cours de mes promenades et de mes discussions avec mes amis, je rectifiais. Puis je retournais dans ma chambre, et consignais le tout d'une seule haleine, dans le calme de la nuit. En moins de quinze jours, j'avais terminé les chapitres XIX, XX, XV, XIV et XXI de Destruction.
De la sorte, mon roman était presque achevé. En le mettant en ordre et en le recopiant, j'ajoutai un chapitre intitulé «Le huit » (chapitre XVI). Enfin, j'adjoignis un épilogue. L'ensemble occupait cinq gros cahiers d'exercices à couverture cartonnée. Celui de mes deux amis qui étudiait la philosophie se fit un plaisir d'être mon premier lecteur. Il me prodigua quelques encouragements. Malgré tout, je n'osais toujours pas envoyer mon manuscrit à une maison d'édition en Chine. Je pensais simplement rassembler un peu d'argent pour le faire imprimer et le donner ensuite à lire à mes deux frères aînés, et l'offrir de surcroît à un ou deux amis. C'est alors qu'un ami m'écrivit de Chine et qu'il se proposa d'agir à ma place. Je plaçai donc une préface en tête du manuscrit et scellai soigneusement les cahiers, que j'envoyai en recommandé à l'ami en question.
Une fois le manuscrit expédié, j'oubliai l'affaire […]
C'est seulement en rentrant à Shanghai, à la fin de 1928, que je vis chez cet ami une annonce dans le Mensuel du roman m'apprenant que mon roman avait été accepté. Contre mon avis, il l'avait confié au rédacteur de cette revue, lui donnant ainsi une chance de paraître. Pour cela je me sens envers lui une dette de reconnaissance. Mais par ailleurs, si à compter de ce jour j'ai changé de vie, si aujourd'hui encore je suis plongé dans la littérature sans espoir d'en sortir, si j'ai dilapidé ma jeunesse sur des feuilles blanches, c'est lui aussi qui en est responsable
                                                                               Ecrit en décembre 1932,
                                                                               Revu en octobre 1935

Et, en 1958  : […] "Ma carrière littéraire a débuté avec ce roman".

Comment l'édition s'est-elle passée en Chine ?

«Destruction, ouvrage de Pa Kin, est la première œuvre d'un jeune écrivain. Il décrit l'action et l'anéantissement d'un jeune homme animé d'un noble esprit. »
C'est en ces termes, plutôt laconiques, que le rédacteur en chef du Mensuel du roman, le réputé critique Ye Shengtao (1894­1988)  prévenait son public de la sortie en feuilleton du roman dans ses colonnes.

Et, à la fin de la parution :

Avec ce numéro s'achève la publication du roman de M. Pa Kin, Destruction. Vous avez été nombreux à nous écrire pour demander qui était M. Pa Kin. Nous-mêmes n'en savons rien. C'est un écrivain totalement inconnu qui, apparemment, n'avait jamais écrit de roman auparavant. Néanmoins, Destruction est une œuvre qui mérite de retenir l'attention. La deuxième partie est d'une particulière intensité.haut

A propos du premier roman de Ba Jin : Destruction :
Il a été terminé à Château-Thierry, et vraisemblablement envoyé de la poste de Château-Thierry, visible sur la carte postale ci-dessus (la poste actuellement se situe en bas de l'avenue de Soissons). Ba Jin l'a connue rue Drugeon-Lecart, proche de la place des Etats-Unis.