LE BERGER ET SON TROUPEAU
Quoi ? toujours il me manquera Quelqu'un de ce peuple imbécile ! Toujours le Loup m'en gobera !
J'aurai beau les compter : ils étaient plus de mille,
Et m'ont laissé ravir notre pauvre Robin ; Robin mouton qui par la ville Me suivait pour un peu de pain
Et qui m'aurait suivi jusques au bout du monde.
Hélas ! de ma musette(1) il entendait (2) le son ;
Il me sentait venir de cent pas à la ronde. Ah le pauvre Robin mouton !
Quand Guillot eut fini cette oraison funèbre
Et rendu de Robin la mémoire célèbre. Il harangua tout le troupeau,
Les chefs, la multitude, et jusqu'au moindre agneau, Les conjurant de tenir ferme :
Cela seul suffirait pour écarter les Loups.
Foi de peuple d'honneur, ils lui promirent tous
De ne bouger non plus (3) qu'un terme. (4)
Nous voulons, dirent-ils, étouffer le glouton Qui nous a pris Robin mouton. Chacun en répond sur sa tête. Guillot les crut, et leur fit fête.
Cependant, devant qu'il (5) fût nuit,
Il arriva nouvel encombre, (6) Un Loup parut ; tout le troupeau s'enfuit :
Ce n'était pas un Loup, ce n'en était que l'ombre. Haranguez de méchants soldats, Ils promettront de faire rage ;
Mais au moindre danger adieu tout leur courage :
Votre exemple et vos cris ne les retiendront pas. |
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Sources : Abstémius f. 127 : Le berger exhortant son troupeau contre le Loup (Nevelet, p.588)
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(1) instrument de musique
(2) comprenait
(3) pas plus
(4) borne s'achevant en forme de buste de forme humaine, à la manière des Anciens
(5) avant que
(6) empêchement, embarras
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