Javascript Menu by Deluxe-Menu.com fable Jean de La Fontaine : le cerf se voyant dans l'eau
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JEAN DE LA FONTAINE : 
Le cerf se voyant dans l'eau  Livre VI , fable 9   
 

LE CERF SE VOYANT DANS L'EAU

Dans le cristal d'une fontaine
            Un Cerf se mirant autrefois
            Louait la beauté de son bois,
            Et ne pouvait qu'avecque peine
            Souffrir ses jambes de fuseaux,
Dont il voyait l'objet se perdre dans les eaux.
Quelle proportion de mes pieds à ma tête !
Disait-il en voyant leur ombre avec douleur :
Des taillis les plus hauts mon front atteint le faîte ;
            Mes pieds ne me font point d'honneur.
               Tout en parlant de la sorte,
               Un Limier (1) le fait partir ;
               Il tâche à (2) se garantir ;
               Dans les forêts il s'emporte (3).
            Son bois, dommageable ornement,
            L'arrêtant à chaque moment,
            Nuit à l'office (4) que lui rendent
            Ses pieds, de qui ses jours dépendent.
Il se dédit alors, et maudit les présents
            Que le Ciel lui fait tous les ans (5).

Nous faisons cas du Beau, nous méprisons l'Utile ;
            Et le Beau souvent nous détruit.
Ce Cerf blâme ses pieds qui le rendent agile ;
            Il estime un bois qui lui nuit.

Le canevas de cette fable est  Le cerf à la source et le lion, d'Esope (repris par Phèdre). 

(1) un chien de chasse
(2) il tâche de..
(3) il s'enfuit
(4) aux services
(5) les pointes supplémentaires (andouillers) qui repoussent  au printemps sur chaque bois du cerf (ceux-ci tombent chaque année)

Illustration : Gélibert
le cerf se voyant dans l'eau

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