Javascript Menu by Deluxe-Menu.com fable Jean de La Fontaine : le cheval et le loup
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Fable de JEAN DE LA FONTAINE, 
Le Cheval et le Loup  Livre V, fable 8   
 
LE CHEVAL ET LE LOUP

               Un certain loup, dans la saison
Que les tièdes Zéphyrs ont l'herbe rajeunie,
Et que les Animaux quittent tous la maison,
            Pour s'en aller chercher leur vie,
Un Loup, dis-je, au sortir des rigueurs de l'hiver,
Aperçut un Cheval qu'on avait mis au vert.
            Je laisse à penser quelle joie !
Bonne chasse, dit-il, qui (1)  l'aurait à son croc (2).
Eh! que n'es-tu Mouton ? car tu me serais hoc (3) :
Au lieu qu'il faut ruser pour avoir cette proie.
Rusons donc. Ainsi dit, il vient à pas comptés,
            Se dit écolier d'Hippocrate ;
Qu'il connaît les vertus et les propriétés
            De tous les simples de ces prés,
            Qu'il sait guérir, sans qu'il se flatte,
Toutes sortes de maux. Si Dom Coursier (4) voulait
            Ne point celer (5) sa maladie,
            Lui Loup gratis le guérirait ;
            Car le voir en cette prairie
            Paître ainsi, sans être lié,
Témoignait quelque mal, selon la Médecine.
            J'ai, dit la bête chevaline,
            Une apostume (6) sous le pied.
 Mon fils, dit le Docteur, il n'est point de partie
            Susceptible de tant de maux.
J'ai l'honneur de servir Nosseigneurs les Chevaux,
            Et fais aussi la Chirurgie.
Mon Galant ne songeait qu'à bien prendre son temps,
            Afin de happer son malade.
L'autre qui s'en doutait lui lâche une ruade,
            Qui vous lui met en marmelade
            Les mandibules et les dents.
C'est bien fait (dit le loup en soi-même fort triste)
Chacun à son métier doit toujours s'attacher.
            Tu veux faire ici l'Arboriste (7),
            Et ne fus jamais que Boucher.

Cette fable vient d'Esope "L'âne et le loup"
(recueil Névelet) ;
D. Loayza traduit la fable d'Esope sous le titre :
"Le loup médecin" et la morale :
"Quand on se mêle de ce qui ne vous regarde pas,
 on essuie à juste titre des revers"
(Esope, traduction D. Loayza, Flammarion)
Ici, le loup utilise la ruse au lieu de la force, il utilise le
boniment comme les charlatans. Il dégage lui-même
la leçon : "A chacun son métier". 

(1) pour qui
(2) crochet auquel on suspendait la viande
(3) tu serais à moi (allusion à un jeu de cartes où
l'on dit "hoc" en jetant sur le tapis les cartes qui font gagner)
(4) titre d'honneur "seigneur cheval"
(5) cacher
(6) une tumeur, un abcès
(7) l'herboriste

le cheval et le loup (Gustave Doré)
Le cheval et le loup (Gustave Doré)

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