Javascript Menu by Deluxe-Menu.com fables de La Fontaine : le combat des rats et des belettes
portrait de Jean de La Fontaine le corbeau de la fable jardin de la maison natale actuellement le perron de l'entrée de la maison

Fable : JEAN DE LA FONTAINE : 
Le Combat des Rats et des Belettes 
Livre IV, 6

LE COMBAT DES RATS ET DES BELETTES

La nation des belettes,
Non plus que celle des chats,
Ne veut aucun bien aux rats ;
Et sans les portes étrètes
De leurs habitations,
L'animal à longue échine
En ferait, je m'imagine,
De grandes destructions.
Or une certaine année
Qu'il en était à foison,
Leur roi, nommé Ratapon,
Mit en campagne une armée.
Les belettes, de leur part,
Déployèrent l'étendard.
Si l'on croit la renommée,
La victoire balança:
Plus d'un guéret (1) s'engraissa
Du sang de plus d'une bande.
Mais la perte la plus grande
Tomba presque en tous endroits
Sur le peuple souriquois.
Sa déroute fut entière,
Quoi que pût faire Artapax,
Psicarpax, Méridarpax,(2)
Qui, tout couverts de poussière,
Soutinrent assez longtemps
Les efforts des combattants.
Leur résistance fut vaine ;
Il fallut céder au sort :
Chacun s'enfuit au plus fort,
Tant soldat que capitaine.
Les princes périrent tous.
La racaille, dans des trous
Trouvant sa retraite prête,
Se sauva sans grand travail ;
Mais les seigneurs sur leur tête
Ayant chacun un plumail (3),
Des cornes ou des aigrettes,
Soit comme marques d'honneur,
Soit afin que les belettes
En conçussent plus de peur,
Cela causa leur malheur.
Trou, ni fente, ni crevasse
Ne fut large assez pour eux ;
Au lieu que la populace
Entrait dans les moindres creux.
La principale jonchée
Fut donc des principaux rats.
Une tête empanachée
N'est pas petit embarras.
Le trop superbe équipage
Peut souvent en un passage
Causer du retardement.
Les petits, en toute affaire,
Esquivent fort aisément:
Les grands ne le peuvent faire.

 

Voici "Le combat des rats et des belettes", fable écrite en
heptasyllabes (vers de 7 pieds) du début à la fin.
La moralité, c'est la revanche des "petits", racontée avec
beaucoup d'humour (fabrication de mots entre autres..).
les sources sont Esope et surtout Phèdre, toutes deux dans
le recueil Nevelet. Quelques emprunts sont issus de la
"Batrachomyomachie", épopée parodique et burlesque
(Vème siècle av. J.C. : combat des rats et des grenouilles)
ainsi qu'à la "Galéomyomachie" (combat des belettes contre les rats).

 

bagarre N'ayant pas trouvé d'image originale pour illustrer cette fable, restons dans la parodie :

"La nation des belettes,
Non plus que celle des chats,
Ne veut aucun bien aux rats ;"
[...]
Ici, celle des chats et celle des rats...

 

(1) terre labourée, non ensemencée
(2) mots empruntés à la Batrachomyomachie
l'un signifie voleur de miettes, l'autre voleur de
morceaux
(3) touffe de plumes

 

 

 

 

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