À
MONSIEUR GALIEN,(*)
EN
LUI RENDANT SES POÉSIES ENVELOPPÉES D’UNE ARMOIRIE D'ENTERREMENT
J’ai lu tes
vers, dont je n’eus cure
Dès que j’en vis la couverture
C’était un drap de sépulture
Qui me semblait de triste augure.
Aussitôt je fis conjecture
Que ces vers seraient la pâture
De ceux qui sous la tombe dure
N’épargnent nulle créature;
Mais quand j’en eus fait la lecture,
Il me fut force de conclure
Que cette plaisante écriture
Fait rire les gens sans mesure.
Que si ta belle humeur te dure,
Tu feras descendre Voiture
Du Pégase à la corne dure
Et ne saurais à la Couture1
Trouver de plus fine monture.
Mais
prends garde, je te conjure,
Qu’il ne t’affole2 la fressure
Ou fasse au chef une blessure
Qui soit de difficile cure :
Car il est gai de sa nature,
Fringant, délicat d’embouchure,
Et ce n’est pas chose trop sûre
Que d’y monter à l’aventure.
Si tu le domptes, je t’assure
Qu’un jour chez la race future
Tu seras en bonne posture ;
Mais diable, c’est là l’enclouure3. |
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(*) La source du Mont Martel à Château-Thierry, fut découverte
en 1627 par Martine de Bertereau, baronne de Beau-Soleil ; elle fut
préconisée dès cette époque par les sommités médicales, entre
autres : Julien-Claude Galien ou Gallien, médecin né à
Château-Thierry, qui passe pour avoir aussi écrit des vers.
(d'après : les sources, les fontaines, les lavoirs ou fontaines
belle eau de Château-Thierry, J.P. Chopart, J.P. Delangle, 1980)
1 Célèbre
foire de Reims
2 Sens de blesser
3 la difficulté
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