LE LOUP ET LE CHIEN MAIGRE Autrefois
Carpillon fretin
Eut
beau prêcher,
il eut beau dire ;
On
le mit dans la poêle à frire.(1)
Je fis voir que lâcher ce qu'on a dans la main,
Sous
espoir de grosse aventure, (2)
Est
imprudence toute pure.
Le Pêcheur eut raison ;
Carpillon n'eut pas tort.
Chacun dit ce qu'il peut pour défendre sa vie.
Maintenant
il faut que j'appuie
Ce que j'avançai lors de quelque trait encor.
Certain Loup, aussi sot que le pêcheur fut sage,
Trouvant
un Chien hors du village,
S'en allait l'emporter ; le Chien représenta
Sa maigreur : Jà (3) ne plaise à votre seigneurie
De
me prendre en cet état-là ;
Attendez,
mon maître
marie
Sa
fille unique. Et vous jugez
Qu'étant de noce, il faut, malgré moi que j'engraisse.
Le
Loup le croit, le Loup le laisse.
Le
Loup, quelques jours écoulés,
Revient voir si son Chien n'est point meilleur à prendre.
Mais
le drôle était
au logis.
Il
dit au Loup par un treillis :
Ami, je vais sortir. Et, si tu veux attendre,
Le
Portier du logis et moi
Nous
serons tout à l'heure à toi.
Ce Portier du logis était un Chien énorme,
Expédiant
les Loups en forme. (4)
Celui-ci s'en douta. Serviteur au portier,
Dit-il ; et de courir. Il était fort agile ;
Mais
il n'était
pas fort habile :
Ce Loup ne savait pas encor bien son métier.
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