Javascript Menu by Deluxe-Menu.com fables de La Fontaine : le lion et le rat, la colombe et la fourmi
portrait de Jean de La Fontaine le corbeau de la fable jardin de la maison natale actuellement le perron de l'entrée de la maison
Fables de Jean de La Fontaine :
Le Lion et le Rat
La Colombe et la Fourmi   Livre II, 11 et 12
 

Nous avons déjà eu l'exemple de fables doubles, avec "La Mort et le Malheureux" et "La Mort et le Bûcheron",   deux versions d'une même fable. Ici, deux fables illustrant des thèmes voisins vont être "jumelées".  Les voici, l'une après l'autre :
LE LION ET LE RAT (*)

LA COLOMBE ET LA FOURMI (*)


LE LION ET LE RAT


Il faut, autant qu'on peut, obliger tout le monde :
On a souvent besoin d'un plus petit que soi.
De cette vérité deux fables feront foi,
              Tant la chose en preuves abonde.
              Entre les pattes d'un Lion,
Un Rat sortit de terre assez à l'étourdie.
Le Roi des animaux, en cette occasion,
Montra ce qu'il était, et lui donna la vie.
              Ce bienfait ne fut pas perdu.
              Quelqu'un aurait-il jamais cru
              Qu'un Lion d'un Rat eût affaire (1)?
Cependant il avint(2)qu'au sortir des forêts
              Ce Lion fut pris dans des rets (3),
Dont ses rugissements ne le purent défaire.
Sire Rat accourut, et fit tant par ses dents
Qu'une maille rongée emporta tout l'ouvrage.
              Patience et longueur de temps
              Font plus que force ni que rage.

LA COLOMBE ET LA FOURMI

L'autre exemple est tiré d'Animaux plus petits.
Le long d'un clair ruisseau buvait une Colombe,
Quand sur l'eau se penchant une Fourmis y tombe ;
Et dans cet océan l'on eût vu la Fourmis
S'efforcer, mais en vain, de regagner la rive.
La Colombe aussitôt usa de charité ;
Un brin d'herbe dans l'eau par elle étant jeté,
Ce fut un promontoire où la Fourmis arrive.
              Elle se sauve ; et là-dessus
Passe un certain Croquant (1) qui marchait les pieds nus.
Ce Croquant par hasard avait une arbalète.
              Dès qu'il voit l'Oiseau de Vénus (2),
Il le croit en son pot, et déjà lui fait fête.
Tandis qu'à le tuer mon villageois s'apprête,
              La Fourmis le pique au talon.
..............Le Vilain retourne la tête.
La Colombe l'entend, part, et tire de long (3).
Le soupé du Croquant avec elle s'envole :
..............Point de Pigeon pour une obole (4)


(*) La source est Ésope, traduite du grec
en latin dans le recueil de Nevelet (1610).
Marot avait déjà utilisé cet apologue pour
écrire "Épître à Lyon Jamet". La Fontaine
qui admirait beaucoup Marot a utilisé cet écrit pour écrire sa fable, en le "ressérant" beaucoup.

(1) besoin
(2) forme ancienne de "il advint"
(3) filets à grosses mailles

 

 

timbre Zambie : le lion et le rat

Timbre-poste de Zambie ( Afrique )

 

 

(*) Source : Ésope : La fourmi et la colombe
(Névelet)

(1) "gueux, misérable, qui n'a aucun bien, qui
en temps de guerre n'a pour toutes armes qu'un
croc. Les paysans qui se révoltent sont de pauvres croquants." (Furetière)
(2) la colombe était consacrée à Vénus.
(3) s'enfuit
(4) l'obole est une ancienne monnaie valant la moitié d'un denier et par extension une modeste contribution financière. On dirait aujourd'hui : "Point de pigeon pour un centime : pas le moindre pigeon "
De plus, L.F. a volontairement établi une dépréciation
depuis "l'oiseau de Vénus" en passant par "la colombe"
pour finir en "pigeon-soupé".
Il ne faut pas rêver, on n'a rien ... pour rien !

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