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portrait de Jean de La Fontaine le corbeau de la fable jardin de la maison natale actuellement le perron de l'entrée de la maison
Journal de l'association pour le musée Jean de La Fontaine (suite)

La vie littéraire au XVIIe siècle :
Le métier d'écrivain au temps de La Fontaine
(N°17)
S'informer au temps de La Fontaine : les journaux
(N°18)

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(N°17, mai 2006) : Le métier d'écrivain au temps de La Fontaine

Il n’y a pas véritablement de milieux littéraires en France avant le 17e siècle. Ce n’est qu’à partir de cette époque que les écrivains se font peu à peu une place dans les salons aristocratiques et cercles mondains, en sachant bien que les plus grandes qualités d’esprit ne peuvent égaler celles de la naissance, et que les roturiers ne deviennent jamais les égaux des nobles… Poètes et écrivains doivent se contenter d’être admis dans la bonne société, sans assimilation possible…
Comment gagnent-ils leur vie ?
Aucun ouvrage n’est publié sans une dédicace, toujours flatteuse, souvent même pompeuse, qui rapporte à son auteur une somme intéressante plus ou moins liée à la générosité du dédicataire. Celui-ci hésite même parfois à accepter la dédicace, par souci d’économie ! Aux dédicataires trop avares, certains écrivains peu scrupuleux, vont jusqu’à offrir la même œuvre dédicacée pour tous dans les mêmes termes… Seul leur nom diffère.
Certains mécènes deviennent les protecteurs attitrés d’ écrivains qu’ils rétribuent régulièrement. Inversant les rôles, de 1659 à 1661 La Fontaine “pensionne” par de nombreux poèmes de diverse importance son protecteur Nicolas Fouquet, homme de goût et généreux mécène, qui réunit autour de lui à Vaux le Vicomte les représentants les plus prestigieux du monde artistique et littéraire. Il “accepte” en retour un paiement en espèces, 4 fois par an…
Le mécénat est institutionnel, conduisant même certains écrivains à une dépendance proche de la servitude. Après la chute de Fouquet, Colbert, premier ministre de Louis XIV, respecte la tradition et dote généreusement les écrivains capables de chanter les louanges du monarque. Leurs noms figurent dans la liste régulièrement actualisée des gratifications royales… dont La Fontaine, sans doute en raison de sa fidélité à Nicolas Fouquet, reste le grand exclu : le mécénat doit servir la gloire du roi !
Quant aux publications, elles sont rétribuées, et les écrivains touchent une forme de droits d’auteur. Alors qu’aujourd’hui l’écrivain touche des droits proportionnels aux chiffrex de vente de son ouvrage, l’auteur du XVIIe  vend définitivement son œuvre au libraire (notre éditeur actuel) qui l’exploite ensuite exclusivement pour son propre compte. Le tirage est en général de 1000, parfois 1500 exemplaires.

Le métier de libraire est protégé et soumis à des lois assez strictes depuis la fondation en 1618 de la chambre syndicale et royale des libraires imprimeurs et relieurs de Paris, qui en réglemente le nombre. Elle réussit même en 1649 à faire interdire la vente des livres d’occasion par les bouquinistes non installés dans une véritable boutique.

Depuis l’ordonnance de Moulins de février 1566, un livre ne peut paraître en France sans l’autorisation royale scellée du grand sceau, délivrée par le chancelier. Pour les livres de moins de 8 feuilles, soit 128 pages dans le format in-octavo (taille d’un petit cahier d’écolier), une permission du juge local suffit, mais n’assure pas l’exclusivité. Cette autorisation, appelée privilège du roi, est accordée généralement pour neuf ou dix ans, après examen par un censeur, soit au libraire, soit à l’auteur qui la cède en vendant son manuscrit à un ou plusieurs imprimeurs. Le privilège obtenu par Barbin pour l’impression des Fables est sans cesse renouvelé jusqu’en 1761. Le privilège donne à l’éditeur le droit exclusif d’impression et d’édition, mais ne protège pas des contrefaçons publiées à l’étranger, parfois même imprimées en France sous un nom purement imaginaire, par des libraires soi-disant hollandais... Depuis le 17e siècle, l’édition n’a pas encore résolu tous ses problèmes, celui des droits d’auteur reste d’actualité et le métier d’écrivain lui-même est en perpétuelle évolution

 


(N°18 :  octobre 2006) S'informer au temps de La Fontaine 
La  vie littéraire au XVIIe siècle, évoquée dans notre précédent  bulletin nous conduit naturellement à brosser un rapide tableau de la presse à  cette même époque… 
                 En  France, les domaines d’intervention de la presse : politique, vie savante,  actualité culturelle sont définis par le pouvoir et confiés à des agents sûrs,  sans possibilité de concurrence... Dès lors, les entreprises de presse, en  français, installées en dehors de nos frontières fleurissent et les premiers  périodiques reviennent chez nous depuis les Etats voisins, sous forme de  contrefaçons et quelque peu “ ornés ”… tout en échappant au privilège  royal.

La France reçoit, en plus des fameuses “ gazettes de Hollande ” de langue française, (la langue de communication privilégiée pour un public international), des petits journaux politiques ou littéraires, de parution irrégulière, sous forme de petites feuilles appelées lardons, irritantes pour le pouvoir qui tente de les limiter en usant de diplomatie, surtout lorsqu’elles traitent des crises militaires ou de la vie privée des rois…
                 En  France, Le Mercure Français, publication sous forme de répertoire des  principaux événements de l'année est contrôlé par le pouvoir royal.
                 La  fameuse Gazette de Théophraste Renaudot (1586-1653) (1)  considéré comme le père de la presse française, paraît le 30 mai 1631. Elle est  soumise au privilège royal devenu personnel et transmissible par héritage.  Richelieu l’utilise comme instrument politique, tout en laissant croire qu’elle  relève d’une initiative privée.  
                 La Gazette se présente sous forme d’un petit fascicule de 4 pages in quarto en  1631, de 8 pages à partir de 1632, de 12 sous Louis XIV. Elle ne contient que  des informations d’ordre politique ou mondain. Renaudot précise : C’est  le journal des Rois et des puissances de la terre ; tout y est par eux et  pour eux, qui en font le capital ; les autres personnages ne leur servent  que d’accessoire. Elle est vendue par des colporteurs : les gazetiers. 

Le  journal des sçavans de Denis de Sallo (1626-1669) paraît en janvier 1665 sous le  pseudonyme de son valet de chambre, “ le sieur d'Hédouville ’’. Il  compte 12 pages in quarto, dans lesquelles on peut lire des comptes  rendus de livres ou de spectacles, avec un grand souci d’objectivité. Son rôle  dans la diffusion des connaissances scientifiques est important, mais son  contenu relève davantage d’une gazette littéraire.
                 La Gazette et Le journal des sçavans représentent au XVIIe siècle  la “ grande presse ”. 
(1) médecin et secrétaire du roi. L'établissement de prêts sur gages de Paris (Mont - de - Piété) est créé sur son initiative.
 

La “ petite presse ”est fondée par Jean Loret en 1650, avec La muze historique. Loret écrit en vers et consigne les petits faits de la cour, constituant ainsi la chronique parisienne jusqu’à sa mort en 1665. Ce journal de 4 pages in folio, dont la dernière est toujours vierge, n’est pas d’une grande valeur littéraire, mais constitue aujourd’hui une source essentielle de l’histoire du XVIIe relatant faits divers, mondanités, anecdotes comiques, nouvelles du Tout-Paris.
Il est supplanté par le célèbre Mercure Galant à partir de 1672, plus copieux, plus divers, qui occupe rapidement le premier plan : le fondateur en est Jean Donneau de Visé (1638-1710),  lui-même écrivain, auteur dramatique, qui connaît toute la bonne société et tire parti de ses relations. Le Mercure Galant, agréable et facile, avec des informations variées, tantôt graves, tantôt enjouées, est couronné de succès. Il paraît régulièrement chaque mois à partir de 1678, et se vend par abonnement ou au numéro. La publication se poursuit au-delà de la mort de son fondateur. En 1724, la revue s’intitule Le Mercure de France, qui cesse de paraître en 1825.

Les vrais journalistes du XVIIe sont peut-être les Nouvellistes, à l’affût du moindre renseignement, venant d’informateurs répartis dans toute la France qui leur permettent de diffuser des nouvelles où le meilleur côtoie parfois le pire ! Ils sont durement poursuivis par le pouvoir qui ne peut légalement les contrôler, et on les retrouve nombreux… à la Bastille, aux galères ou à la potence ! On constate cependant que même dans ce régime répressif, on s’achemine petit à petit vers la  liberté de penser et de s’exprimer. La publication en 1777 du premier quotidien poursuit cet objectif… vers 1789…On connaît la suite !

Thérèse Pichard