ARTICLES DU BULLETIN DE L'ASSOCIATION
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La
maison natale de Jean de La Fontaine
Depuis sa vente par Jean de La Fontaine, en 1676, à Antoine Pintrel, gentilhomme de la grande vénerie du roy et cousin du
poète, la maison du fabuliste change neuf fois de propriétaires, jusqu'en
1869.Environ cent ans après sa vente par Jean
de La Fontaine, elle n'a pas changé d'aspect. Elle commence à ce moment
à subir diverses réparations pour la rendre plus agréable à vivre : les
meneaux en pierre qui garnissent plusieurs croisées disparaissent à cette
époque.De 1764 à 1824, trois générations de
la famille Masson l'occupent : la dernière, petite-fille du sieur François
Masson, est l'épouse de Monsieur Tanevot, maire de la ville.Le
changement de nom de "rue des Cordeliers" en "rue Jean de
La Fontaine" date de la Révolution. "Les patriotes ne pouvaient
manquer de saisir l'occasion de substituer le nom du poète qui fait l'orgueil
du pays, à celui d'une communauté (les Cordeliers) qui n'avait rien fait
pour se recommander au souvenir et à la reconnaissance des contemporains."
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En
1827, enfin, est apposée une plaque signalant la maison natale, grâce aux
démarches de son propriétaire de l'époque, Monsieur Tribert, président honoraire
du tribunal civil de Château-Thierry. Jusqu'à cette date, c'est la tradition
qui conduit ceux qui veulent visiter la maison natale du célèbre fabuliste,
ce qui est en général bien accepté par les propriétaires. En 1869, la Société Historique et Archéologique
lance une souscription pour acheter la maison qui est alors en vente et
que la ville n'a pu acquérir, faute d'un budget suffisant.En
tête de la souscription publique, on trouve l'inscription de l'Empereur
et du Ministre de l'Instruction Publique.La
guerre interrompt la souscription qui est reprise plus tard mais qui se
traîne péniblement et le Comité doit renoncer à son projet de rétablir l'immeuble
dans son état et style primitifs.En 1876, la
Société Historique donne la maison à la ville de Château-Thierry, qui paye
l'insuffisance de la souscription (1/4 de la somme).En
1870 se trouve encore dans le jardin, une aubépine séculaire, plantée par
le poète lui-même dit-on.Sources : Annales
de la Société Historique et Archéologique
de Château-Thierry |
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Les collections du musée
Jean de La Fontaine :
Vous avez sans doute remarqué que beaucoup d'oeuvres exposées au musée portent
la mention "Don de M. Jules Maciet". Le docteur François Aman-Jean,
encore très présent à la mémoire de nombreux castels a fait une communication
à la Société Historique et Archéologique de Château-Thierry, en 1966, dans
laquelle il décrit merveilleusement Jules Maciet, son cousin.
Jules Maciet naît à Paris, en 1846, rue Cambon, dans une famille de bourgeois
fortunés. Il mène une existence douillette d'enfant unique et gâté. "Madame
Maciet va à la messe et fait des visites. Monsieur Maciet ne fait rien que
lire. L'appartement est affreux, sombre et clos...C'est une famille qui
n'aime que la charité, les livres et les chiens et qui vit béate et innocente
dans un lieu laid. L'art est une porte close. Par quel mystère l'enfant
Jules va-t-il l'entr'ouvrir tout seul ?"Il
est demi-pensionnaire au lycée Louis le Grand, et peut voir les monuments
parisiens chaque jour, du fiacre qui le transporte. Chaque jeudi, chaque
dimanche, il va au Louvre, qu'il connaît par coeur à 14 ans. Toutes les époques
et tous les domaines artistiques l'intéressent. De plus, il fait des études
brillantes, et côtoie des gens célèbres dans le domaine artistique.A
17 ans, il commence à entrer chez les petits marchands d'antiquités et s'habitue
aux ambiances des ventes de l'hôtel Drouot. A 18 ans, il économise sur son
argent de poche pour faire des timides achats, qu'il donne la plupart du
temps à un ami ou à un musée.A 24 ans, après
avoir travaillé avec un commissaire-priseur à l'Hôtel Drouot, puis chez
Durand-Ruel, marchand de tableaux, après avoir visité tous les musées d'Italie,
de Hollande, d'Allemagne, d'Angleterre, d'où il ramène livres et documents,
il est un connaisseur qui s'est fait tout seul, à l'étonnement vaguement
scandalisé de ses parents. |
Après la guerre
de 1870, ( il s'était volontairement engagé dans la Garde Mobile de Paris),
il se consacre à sa passion : acheter pour donner...Défiguré par la petite
vérole, il ne se marie pas et n'a pas d'enfants. Sa fortune, sans être
considérable, lui permet de vivre une existence de rentier. Sa quête quotidienne
est d'être à l'affût de l'objet rare en vente à l'hôtel Drouot. Il l'achète
parce qu'il sait qu'il rendra service à quelqu'un ou complètera les collections
du Louvre, de Carnavalet, des Arts Décoratifs, de la Bibliothèque Nationale.
Ce côté social est très fort chez Jules Maciet. Il donne au Musée pour
l'éducation artistique des autres, des aristocrates aux ouvriers en passant
par les bourgeois. De 1880 à 1882, il fait 500 achats d'oeuvres d'art,
immédiatement données aux Arts Décoratifs, qui, grâce à lui, devient un
des plus beaux musées de Paris. De 1880 à
1910, date de sa mort, il achète 2329 ouvres d'art pour en faire don aux
Arts Décoratifs et 1500 pour le Louvre et les musées de province. Il devient
président des Amis du Louvre quelques mois avant sa mort.En
ce qui concerne le musée de Château-Thierry, les dons auraient pu être
plus nombreux, mais à l'époque, le musée était sans surveillance, en désordre
et poussiéreux.C'est lui également qui imagine,
organise et entretient pendant 30 ans la "Bibliothèque Jules Maciet",
aux Arts Décoratifs, poursuivant son but social : "recherche du Beau
pour l'Utile" afin de procurer aux artisans les documents nécessaires
à leur travail.Toutes les fonctions importantes
qu'il occupe sont toujours gratuites, et il refuse toutes les décorations
"Je donnerais tous les rubans du monde pour un beau Corot".Enfin,
par testament, Jules Maciet lègue à la ville de Château-Thierry 30000
volumes , fonds important de la Bibliothèque. C'est ce legs qui motive
de la part de la municipalité de 1910 de débaptiser la rue du Village
St-Martin en rue Jules Maciet.Sur sa tombe,
son ami Koechlin s'écrie :"Nul amateur d'ancien aura été plus moderne". |
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La bibliothèque de Charles Henri Génot-Boulanger
Pour célébrer le dixième anniversaire de la réception en mai 1989 de la
bibliothèque lafontainienne de Charles Henri Génot-Boulanger, des livres
rares et précieux vont être exposés au public. Commencée en 1934 par Charles
Henri Génot décédé en 1988, cette collection fut donnée à la Ville pour
le musée par Madame Génot-Boulanger conformément au souhait de son mari.Charles
Henri Génot, lié professionnellement à l'industrie pharmaceutique était
un amoureux de la nature, et un peu philosophe. Son auteur préféré était
La Fontaine avec lequel sa sensibilité en direction des animaux et son amour
de la langue française étaient en parfaite harmonie.Sur les deux-cent-quarante
exemplaires de sa bibliothèque, deux cents sont des éditions des fables.
Un trésor représentatif des plus belles éditions du 17ème au
20ème siècles. Parmi les plus belles pièces, citons chronologiquement
:
- Les éditions originales des fables de 1668 in-4, de 1672, de 1678-1694
in-12, corrigées par La Fontaine lui-même, illustrées par François Chauveau,
graveur des fêtes de Louis XIV.
- Les Fables dites d'Oudry, 1755-1759 : Jean-Baptiste Oudry, peintre des
chasses de Louis XV et directeur de la manufacture de tapisseries de Beauvais,
en avait dessiné deux-cent-soixante-quinze illustrations. Ce chef-d'œuvre
de l'édition française, se trouve en deux exemplaires, magnifiquement reliés,
l'un présente la particularité bibliophilique, très recherchée, de la planche
illustrant la fable Le Singe et Le Léopard, avant l'inscription "Le Léopard" sur l'enseigne. (1)
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- Les Contes
et nouvelles de 1762, fameuse édition dite des Fermiers généraux, qui l'avaient
commanditée. Le musée Jean de La Fontaine n'en montrait jusque-là que quelques-unes
des contrefaçons.
- Les Fables, gravées en taille-douce par
Simon Simon et Jacques Joseph Coiny d'après les dessins de Vivier, imprimées
par Didot en 1787, dont les vignettes ont servi longtemps de modèles pour
décorer le fonds d'assiettes de Creil ou de Choisy.
- Les deux éditions des illustrateurs les plus
connus du 19ème siècle : Grandville et Gustave Doré.
- Plus proches de nous, il convient de citer
les illustrateurs Jules Chadel en 1927, Lurçat en 1950, Chagall en 1952
avec ses cent eaux-fortes, Hans Erni en 1955, Lemarié en 1966 et 1970.
- La collection présente un grand nombre d'éditions
et d'illustrateurs moins connus, significatifs des époques, des styles et
des modes ; des exemplaires remarquables par la provenance, la reliure ou
le tirage des illustrations ; des éditions minuscules, des éditions populaires,
des éditions pédagogiques et des éditions pour les enfants
(1) avant l'inscription sur l'enseigne |
"Le léopard" est inscrit sur l'enseigne |
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La vie amoureuse de La Fontaine
Alors que Racine aima si tendrement "la Du Parc" (1633-1668),
et "la Champmeslé", alors que Molière souffrit cruellement des
coquetteries d'Armande Béjart, on cherche vainement le nom d'une femme pour
laquelle Jean de La Fontaine ait éprouvé de la passion, de l'exaltation,
pour laquelle il ait fait des folies, ou pour laquelle enfin il ait eu un
amour profond. Ne parlons pas de son mariage avec Marie Héricart, qu'il
n'avait pas choisie et qui lui avait été plus ou moins imposée par son père.
C'était l'époque où on croisait le jeune avocat, tard le soir, dans la rue
des Cordeliers, une lanterne à la main, chaussé de ses bottes blanches,
allant à des rendez-vous galants. Il n'hésitait pas, si le rendez-vous était
manqué, à conquérir la jeune beauté, servante de la dame chez laquelle il
se rendait. Après tout, "Les délicats sont malheureux" écrit-il,
et les servantes valent bien les maîtresses. De nombreux Castelthéodoriciens
portèrent les cornes, qu'importe :
"Pauvres gens, dires-moi, qu'est-ce que cocuage
Qu'est-ce enfin que ce mal dont tant de gens de biens
Se moquent avec juste cause ?
Quand on l'ignore, ce n'est rien
Quand on le sait, c'est peu de chose."
Alors, La Fontaine méprisait-il les femmes ? Certainement pas, il appréciait
beaucoup leur compagnie et était charmé par la féminité. Cependant, être
vraiment amoureux aurait été une affaire qui lui aurait demandé trop d'investissement
personnel : paresseux à sa façon, rêveur, distrait, peu opiniâtre : aimer
une femme l'aurait obligé à fixer toute son attention sur elle, ce dont
il était incapable. Alors, il fut un excellent ami et parce qu'il était
très voluptueux et appréciait très fort le plaisir, il se contenta d' amours
faciles :
"Sous les cotillons des grisettes
Peut loger autant de beauté
Que sous les jupes des coquettes..
Une grisette est un trésor.
On en vient aisément à bout ;
On lui dit ce qu'on veut, bien souvent rien du tout." |
Pourtant,
de nombreuses femmes restent liées à sa vie. Son mariage étant absent d'amour,
les époux se séparèrent définitivement après environ seize ans de vie plus
ou moins commune. La Fontaine était alors gentilhomme servant au Luxembourg,
chez Madame, la duchesse douairière d'Orléans, emploi que lui avait procuré
la duchesse de Bouillon. Mlle de La Fontaine, sa femme, comprenant qu'elle
serait exclue de la gloire littéraire naissante de son mari, décida de rentrer
seule à Château-Thierry.La duchesse de Bouillon,
férue de poésie, a joué un grand rôle dans la vie de La Fontaine. A Château-Thierry
où elle s'ennuyait, la compagnie du poète lui était des plus agréables,
et réciproquement. Son portrait nous la montre espiègle et vive, l'air décidé,
le décolleté généreux et.un nez retroussé, ce qui faisait "fondre" La Fontaine :"Nez troussé ? C'est un
charme encore selon mon sens,
C'en est même un des plus puissants."Il
dédia à "la muse des contes", ainsi a-t-on appelé la duchesse,
Les Amours de Psyché et de Cupidon. La Fontaine fut-il amoureux de Marie-Anne,
duchesse de Bouillon ? Il ne l'osa pas : il n'oubliait pas qu'elle était
la femme du seigneur de Château-Thierry, dont il n'était que l'un des officiers,
maître des eaux et forêts. Il a toujours su ce que pouvait, pour un poète,
l'influence d'une grande dame ou d'une femme charmante. Auprès de Mesdames
de La Fayette, de Sévigné, de Thianges ou de La Sablière, il resta très
empressé, mais se garda bien de leur faire la cour. Lui qui a tant chanté
l'amour, et parlé d'amour jusqu'à soixante-dix ans passés, il ne fut jamais
un grand amoureux, et son ouvre n'attire ni ne retient les cours passionnés.La
Fontaine semble avoir choisi de se contenter de l'amitié de Clymène (les
grandes dames) tout en prenant son plaisir avec des Jeanneton et des Chloris
(les soubrettes et les servantes). C'est sans doute le secret de sa bonhommie
et de son parfait équilibre.
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Que
se passe-t-il au musée ? (bulletin N°6)
Conformément aux objectifs de mise
en place d'un programme d'échanges culturels de haut niveau entre les
villes de Ath et de Château-Thierry, les habitants de la ville d'Ath pouvaient
admirer chez eux, à la bibliothèque Jean de La Fontaine des illustrations
des fables. Les eaux-fortes de Chagall appartenant aux collections du
musée et les dessins de Gabriel Lefèbvre, étaient mis en parallèle. Gabriel
Lefebvre, illustrateur, est né en 1951 à Ixelles. Il a effectué ses études
à l'Académie des Beaux-Arts de Mons, en Belgique où il vit actuellement.
Il est maintenant professeur à l'Académie des Beaux-Arts de Binche et
a illustré de nombreux livres pour la jeunesse. Dans l'attente de voir
une exposition de ses dessins à Château-Thierry, vous pourrez trouver
à la boutique du musée le livre des fables qu'il a superbement illustrées.
Notre poète qui n'était pas un grand voyageur, ses horizons n'ayant pas
dépassé le Limousin, inspire toujours ! |
C'est encore la renommée internationale
de La Fontaine qui est à l'origine du choix de notre ville. Dans le cadre
de la coopération entre la France et le sultanat d'Oman, le stage effectué
en octobre dans la maison natale de Jean de La Fontaine par Karima Al
Farsi, en charge de musée dans son pays, doit lui permettre de pratiquer
la muséologie et de perfectionner ses connaissances.
Pendant les journées du patrimoine,
nous avons pu découvrir un grand nombre de cartes postales éditées entre
1900 et 2000, relatant l'histoire de notre ville et son évolution au XXe siècle.
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Maison
natale : Léon Garnier. La polémique a la vie
dure.
Léon Garnier, collectionneur, donateur ayant contribué à l'enrichissement
des collections du musée, connu des spécialistes de La Fontaine, publiait
en 1937 "La vie de notre bon Jehan de La Fontaine contée par l'image".
Il est amusant de confronter à la réalité actuelle la vision qu'il avait
du devenir de la maison du fabuliste et les prises de position qu'il affichait
:Suivant les dispositions convenues,
la maison de La Fontaine a été occupée par la Bibliothèque
-qu'on déménagera plus tard-. Mais la Société Historique se réserve toujours
d'autres locaux où l'on ne saurait pénétrer, et qui constituent la partie
la plus attrayante de la demeure, coïncidence malheureuse, car une reconstitution
du cabinet de travail du poète et une galerie d'art y pourraient prendre
place. [.] Il serait aussi plus qu'utile que
l'on fasse établir une notice-catalogue succinte, gratuite pour les visiteurs.En
1826 avait été dressé un projet de reconstitution de l'extérieur, qui ne
fut pas suivi. |
On pourrait
aussi dès maintenant envisager l'adjonction d'une salle d'exposition dans
un local touchant la maison de notre Jehan : l'ancienne chapelle des Cordeliers
(le gymnase de l'Avant-Garde, récemment supprimé pour la construction de
la médiathèque), ses voisins d'autrefois. Il faut former quelque vigoureux
comité qui lancerait un vibrant appel à la légion des amis du Bonhomme, appel qui retentirait par toute la France,
rassemblant bientôt tous les "Amis de la Maison de La Fontaine"
dans un effort commun de sauvetage et de restauration.[.] Et ne voit-on
d'ores et déjà les énormes avantages qu'un musée La Fontaine digne de ce
nom procurerait à Château-Thierry ? Conférenciers de Paris, caravanes scolaires,
amateurs, curieux, touristes, attirés par un cadre enfin digne d'un des
plus purs écrivains de langue française, ne manqueraient certes pas d'assurer
aux Castel-Théodoriciens des profits et des honneurs fort positifs. [.]
. Il faut faire du musée de province "le Louvre de chaque ville"
[.].Donc, dans le sombre tableau de la Maison du Poète, une lueur commence
à briller : l'espoir d'un résultat peut déjà s'envisager ; un jour viendra,
et peut-être assez proche, où revivra le vrai visage de la Maison de La
Fontaine. Entre réalisés irréalisables et réalisables,
les projets étaient vastes, Monsieur Garnier.
P.S. Le vœu de Léon Garnier est exaucé officiellement depuis janvier 2006....
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Les
"dessous" de la maison natale
Histoire locale et archéologieNous
avons parlé à plusieurs reprises de la maison natale de Jean de La Fontaine.
Le sujet n'est pas épuisé et nous allons maintenant évoquer les salles basses
de la demeure.Les caves situées sous la maison
du poète sont de dimensions imposantes et ont une très vaste étendue. Elles
sont décrites comme suit dans le contrat de vente du 2 janvier 1676."C'est
à scavoir une maison [.] et caves dessoubz lesdits lieux, lesquelles s'étendent
aussy soubz la cour des pères Cordeliers"Escaliers,
salles et couloirs s'y succèdent. L'un d'eux, en direction du château a
même laissé supposer au siècle dernier l'existence d'un passage qui aurait
conduit à un souterrain. De là à en déduire que la maison avait été construite
pour un personnage de haut rang, il n'y avait qu'un pas. Il fut franchi.
En l'absence de documents authentiques, toutes les fantaisies sont permises.Les
données scientifiques communiquées par François Blary archéologue municipal,
que nous remercions, nous permettent de décrire ces caves :
vue partielle du niveau inférieur des caves |
Le réseau de salles souterraines est accessible par
la petite porte en bois située au-devant du perron de la maison, au niveau
de la cour pavée. On la voit aisément de la rue. Les
salles basses s'inscrivent exactement dans le périmètre bâti de cet hôtel. |
Quatre
d'entre elles sont voûtées en arêtes. Elles sont réparties sur deux niveaux,
trois au premier niveau, deux au second.Sous
la partie de la maison parallèle à la rue, existent deux grandes salles
divisées en vaisseaux et travées autour de piliers à section carrée, réalisés
en pierre de taille calcaire. La lumière du jour y parvient par les ouvertures
ménagées dans la partie basse de la maison, visibles de la rue. Sous le
corps de bâti de l'aile perpendiculaire à la rue se trouvent deux salles
superposées, l'une au premier niveau, l'autre en dessous. Elles forment
chacune un seul vaisseau de quatre travées. La portion proche de la rue
a été raccourcie au XIXe siècle. Communiquant avec celle de niveau
inférieur, existe une salle située hors de l'emprise, sous la partie de
l'ancien couvent des Cordeliers transformée en gymnase au début du XXe siècle. Cette salle de type couloir à loges, différent de celui des autres
salles, est constituée d'un couloir central desservant sur les deux côtés
de son axe huit loges, certainement dix à l'origine. Elle est postérieure
à 1130 et antérieure à 1559, puisque son entrée recoupe un mur massif de
fondation large de 1,60m préexistant, qui pourrait correspondre au mur d'enceinte
urbaine réalisée sous Thibaud II entre 1120 et 1130. Comme d'autres salles
de même type, elle peut être datée de la période située entre la deuxième
moitié du XIIIe siècle et le XIVe siècle.Ces
salles sont actuellement utilisées pour le rangement d'objets divers, respectant
probablement ainsi leur vocation première. Elles sont en bon état, on note
la présence des gaines de chauffage dans l'une d'elles. Leur sol est en
terre battue. On s'y tient aisément debout, peut-être servaient-elles de
refuge en cas de danger.Louis Roche, parlant
de la maison du poète dans La vie de Jean de La Fontaine, p. 3, écrit :
"Faut-il rappeler qu'au-dessous se développait une grande cave, digne
de propriétaires champenois", et Léon Garnier dans La vie de notre
bon Jehan de La Fontaine p.14 : "Peut-être est-ce à sa cave que La
Fontaine a dès sa jeunesse puisé le secret de sa malicieuse bonhomie, car
il aimait le vin frais issu des coteaux de sa champagne natale et qu'il
buvait, à ce qu'assure Tallemant des Réaux, en mangeant de délicieux "dauphins"
" (petits pâtés à la viande en forme de dauphin, spécialité de Château-Thierry.)Les
caves sont fermées au public. |
Articles : Thérèse Pichard |
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